Au fil des mots

Karine Giebel

Editeur: Editions Fleuve noir

Année d’édition : 2013

Synopsis :

Je m'appelle Raphaël, je viens de passer 14 ans de ma vie derrière les barreaux. Avec mon frère, William, et deux autres complices, nous avons dérobé 30 millions d'euros de bijoux. Ç'aurait dû être le coup du siècle, ce fut un bain de sang. Deux morts et un blessé grave. Le blessé, c'est mon frère. Alors, je dois chercher une planque sûre où Will pourra reprendre des forces.
"Je m'appelle Sandra. Je suis morte il y a longtemps dans une chambre sordide. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour là..."
Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en enfer.
"Quelque chose qui parle et qui marche à ma place. Et son sourire est le plus abominable qui soit..."

Mon avis :

Raphaël a tout prévu, pour ce dernier casse, le plus spectaculaire, ensuite, c'est sûr, il arrête, il part loin au soleil, et il emmène son petit frère, ensemble, ils vivront heureux, loin de tout ça. William a même eu "le droit de l'accompagner sur ce dernier casse" puisque c'était sans risque.

Oui, mais voilà, le casse du siècle, dérape, en sortant de la boutique, l'impondérable, le grain de sable... Une voiture de police banalisée qui passe par-là... Hasard ou filature ? Raphaël, n'a même pas eu le temps de réfléchir, Fred, l'un des complices, ouvre le feu ! Résultat deux morts et un blessé grave. Le blessé est William, "hors de question que son petit frère meurt" à cause de deux irresponsables. "Mais pourquoi il les a accepté ces deux-là !" "Fred encore il le connaissait un peu, mais Christel, il n'a même pas confiance en elle !"

Le plus urgent est de se mettre à l'abri et de trouver quelqu'un qui soignera Will. Ce quelqu'un, sera Sandra, une jeune vétérinaire que Raphaël prendra en otage, et qui ma fois, ne le laisse pas complètement indifférent, même si elle est un peu étrange.

Ils seront bien là chez Sandra et son mari, et comme il n'est pas là, Raphaël s'installe, dans ce qu'il croit être la planque idéale, mais, il s' installe, lui-même,  en enfer ! « Ici, c'est la maison du Diable. Personne n'en sort vivant ». (D'après-vous est-ce une parole en l'air ? Combien seront vivant à la fin ?)

Je n'en dirai pas plus sur l'histoire, elle doit se découvrir par soi-même. C'est le premier livre de Karine Giebel que je lis, et quelque chose me dit que ce n'est sans doute pas le dernier. Surtout s'ils sont tous aussi réussit que celui-ci.

Au début c'est un gentil polar, bien banal, puis il va crescendo vers un thriller terrifiant et angoissant. Dont les personnages sont ambivalents. Au final, un roman éprouvant, avec une fin émotionnellement forte. Du Chattam en pire !!

Le style de Giebel est fluide, des phrases courtes, parfois répétitives, comme une musique de film angoissante, donnant ainsi encore plus de pression à une intrigue déjà insoutenable. Un style épuré, simple. Je vous préviens "Purgatoire des innocents" est un page Turner ! Préparez-vous à une bonne nuit sans sommeil, car quand on commence, on ne le lâche plus.

Et même après l'avoir refermé, il vous hantera encore !

Des personnages psychologiquement torturés, et magnifiquement décrit, on sent que l'auteur a su les incarner. Du grand art !

Je vais vous raconter une anecdote, lorsque j'ai commencé le livre, j'étais fatiguée et j'ai certainement zappé des moments importants, mais lorsque je lisais la description du paysage, j'avais l'impression qu'elle parlait de ma région, ou du moins, celle que j'ai quittée il y a quelques semaines pour m'installer à Châteauroux. Je ne sais pas pour qu'elle raison j'étais intimement convaincue d'avoir à faire, à une auteure américaine (sans doute, le style) alors vous comprendrez mon étonnement le lendemain quand je me suis aperçue que cela se déroulait bien dans le parc naturel de la Brenne, et croyez moi, c'est exactement tel qu'elle l'a décrit.

En conclusion :

Un roman éprouvant, stressant, une véritable descente aux enfers. Une intrigue machiavélique, servit par un style si efficace qu'il en devient angoissant, avec cependant ; une touche de parcimonie, sur les scènes les plus délicates.

C'est un énorme, méga coup de cœur pour moi. La Première fois que je mets 20/20, je vous conseille vivement ce livre à condition cependant de n'être pas trop sensible, car psychologiquement, il peut-être très dur !

En un mot :  énorme, méga coup de cœur !

Morceaux choisis :

Il se dégage de cette femme quelque chose d'indéfinissable, de dérangeant.
Une musique syncopée, hachée, morcelée. Une imperfection fascinante.

Le fric. Ces morceaux de papier froissé auxquels on confère tellement de valeur.
Le fric. La plus séduisante des impostures.
Le pire des serial killers.

Le moment du désir, peut-être plus puissant que celui du plaisir. Parce qu’il imagine la jouissance, la sublime, la rend plus forte qu’elle ne pourra jamais être. L’esprit va toujours tellement plus loin que les actes.

Aujourd’hui, l’affût est terminé, il est temps de passer à l’action. De se mettre à table pour le festin.

Dans une équipe, on ne laisse pas crever un des joueurs.